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Les critiques de Bifrost

Alice au pays des morts-vivants

Alice au pays des morts-vivants

Mainak DHAR
FLEUVE NOIR
256pp - 17,90 €

Bifrost n° 83

Critique parue en juillet 2016 dans Bifrost n° 83

Le Pays des Morts, après l’apocalypse. Autrefois l’Inde, aujourd’hui des contrées dévastées (et parfois radioactives) où les humains survivants se battent sans relâche contre les Mordeurs, contaminés par le virus qui les a réduits à l’état de zombies, eux, et la quasi-totalité de l’humanité. De l’autre côté du miroir, le Comité Central et sa puissante armée, Zeus, qui recrute à tour de bras (et de mitraillette) les survivants.

Alice Gladwell, quinze ans, née après le Réveil, vit dans un camp indépendant. Excellente combattante, tireuse hors pair, elle ne connaît qu’une règle : survivre. Car dans la campagne, les ennemis sont nombreux, et n’ont plus rien à perdre (si ce n’est quelques membres). Mais en suivant un Mordeur affublé d’oreilles de lapin, Alice tombe dans un tunnel et découvre que les zombies, loin d’être les bêtes féroces qu’on lui a toujours dépeintes, forment une communauté dirigée par la Reine, une ancienne scientifique qui possèderait la formule du vaccin contre le virus. Pire, le Comité Central, dirigé par les Gardes Rouges chinois, serait à l’origine du cataclysme, et en fait de protéger le peuple, recruterait des esclaves pour ses fermes agricoles (ah, le bienveillant aveuglement des gens effrayés qui acceptent la tyrannie et l’illusion de la sécurité pour vivre en « paix »…). Alice, comme il se doit, découvrant la vérité, s’empresse de répandre la bonne parole, et devient le symbole d’une nouvelle lutte sans merci pour la liberté.

Rien de révolutionnaire (sauf Alice) dans ce récit au demeurant sympathique. On sourit face aux références au texte de Lewis Carroll (le célèbre « qu’on leur coupe la tête » prenant tout son sens ici), on s’amuse de quelques scènes de combat un peu gores. Et, même si les ficelles manipulées par l’auteur sont visibles comme un phare dans une nuit sans lune, on ferme les yeux par complaisance, histoire de voir jusqu’où cette gamine va réussir à emmener son petit monde. On se lasse aussi, hélas, le récit oscillant entre dystopie et horreur, effleurant les deux et jouant avec les codes sans jamais, malheureuse ment, s’y perdre ni s’y plaire complètement, et y perdant, du coup, tout son mordant.

Ce tome, le premier d’une trilogie d’un auteur repéré grâce au succès de ses textes autoédités, est destiné aux fans des contes de Carroll doublés d’amateurs de gore commercial (y en a-t-il ?). Les autres attendront la série télé qui semble prévue outre-Atlantique. Espérons qu’elle s’amusera davantage avec les cartes, et nous avec.

Maëlle ALAN

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