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Les critiques de Bifrost

Voraces

Voraces

Oisin McGANN
MANGO Jeunesse
384pp - 18,50 €

Bifrost n° 61

Critique parue en janvier 2011 dans Bifrost n° 61

Irlande, XIXe siècle. S’opposant aux choix qu’avait faits pour lui son père, Nate Wildenstern avait quitté le domicile familial pour aller jouer à l’aventurier en Afrique pendant quelque temps. Son retour tombe bien mal : il se produit juste au moment où son frère ainé meurt. Et, dans la famille Wildenstern, ceci risque fort de faire jaser : en effet, la tradition familiale veut que ce soit l’ainé qui hérite du pouvoir conféré par l’immense fortune des Wildenstern, et que tous ses cadets puissent lui disputer ce titre en tentant de l’assassiner, purement et simplement. La simultanéité du décès de Marcus et du retour de Nate amène certaines personnes à penser que ce dernier s’est adonné au sport familial ; il n’en est rien, et Nate va tenter de trouver le coupable. Tâche dont il se charge à regret, car il aurait largement préféré passer son temps à parcourir la campagne irlandaise avec son mécanimal — ainsi sont dénommés des véhicules à moteur (motos, camions…) mi-mécaniques mi-organiques dignes du meilleur steampunk — qu’il vient tout juste de dompter.

Plus qu’aux vampires, auxquels le clan Wildenstern emprunte nombre de codes, le Voraces du titre renvoie à l’appétit de pouvoir des membres de la famille. Chez eux, tout le monde est coupable, ou peut le devenir à n’importe quel moment. Un climat oppressant né du danger qui peut se terrer dans tous les coins et recoins de l’immense demeure des Wildenstern bien décrit par McGann, même si ce dernier s’exécute avec une telle distanciation qu’on ne frémit pas vraiment ; on assiste plutôt à ces alliances et à cette enquête avec un sourire complice et un grand plaisir de lecture. L’intérêt du roman tient aussi dans la trame imbriquée qui donne tantôt la parole aux aristocrates, tantôt à leurs employés, guère plus recommandables, puisqu’ils tentent de voler la fortune de leurs patrons ; le télescopage des deux univers est subtilement rendu et s’intègre sans écueil dans un roman par ailleurs mené tambour battant. Il s’avère finalement assez difficile de donner une vision globale de ce livre, tant il brasse de nombreux genres (steampunk, fantastique, roman historique et social, grotesque). McGann réussit toutefois son pari en nous livrant un roman bien ficelé, sans temps mort, et qui plus est servi dans la présente édition par une très belle couverture d’Aurélien Police.

Bruno PARA

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