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Les critiques de Bifrost

Virus

Virus

Frédérique LORIENT, Pénélope CHESTER, Isabelle GUSO, Fabien CLAVEL, Raymond ISS, Véronique PINGAULT, David OSMAY, Bruce Holland ROGERS
GRIFFE D'ENCRE
142pp - 11,50 €

Bifrost n° 74

Critique parue en avril 2014 dans Bifrost n° 74

Longtemps, la mode a été aux virus provoquant l’apocalypse, à la description de la naissance d’un enfer, qui, souvent, finissait par être évité de justesse. Maintenant, on aime beaucoup plus s’intéresser aux après du désastre, à la manière dont notre vie pourrait être bouleversée par la présence d’un intrus dévastateur imposant sa loi.

Dans l’anthologie Virus, nous découvrons ainsi un monde sans oiseaux (« H5N1 », Frédérique Lorient), un autre dans lequel un virus transforme les gens en ersatz de clowns (« Quand les clowns en treillis font gémir la musique », Fabien Clavel), ou encore un futur dans lequel un vaccin peut rendre éternel (« Flocon rouge », David Osmaye). De plus, « virus » est pris ici dans tous les sens du terme, biologique ou informatique, ce qui donne lieu à des histoires purement électroniques avec réflexion à la Asimov (« Mise à jour », Pénélope Chester), ou bien hybrides avec mise en situation à la Greg Egan (« Utopie en sursis », Isabelle Gusso), sans oublier quelque cocasserie qui ferait plutôt rire jaune en décrivant l’enfer engendré par une de nos créations censées nous faciliter la vie (« Intrafolie », Raymond Iss). L’éventail des possibles est donc en grande partie couvert ici, et les huit nouvelles de ce court recueil ne passent d’ailleurs pas uniquement par les cases dystopies post-apocalyptiques ou post-apos dystopiques ; l’humour et l’absurde sont également au rendez-vous.

Ce côté hétéroclite est l’un des principaux intérêts de Virus, qui offre des histoires étonnantes ne donnant pas l’impression de constituer plusieurs variantes d’une seule et même réponse. Cependant, c’est également sa plus grande faiblesse. Le recueil, inégal, démarre trop fort avec un « H5N1 » qui aurait plutôt dû le clore, étant son récit le plus marquant, le plus traumatisant dans sa parfaite et sombre simplicité. Le reste nous fait passer par des montages russes émotionnelles qui ne sont pas adéquatement dosées, ce qui joue en défaveur de nouvelles pas assez mises en valeur. Prises individuellement, celles-ci sont loin d’être déplaisantes pour la plupart, certaines sont même plus qu’honorables. Mais elles forment un tout quelque peu décevant si lu dans l’ordre proposé.

L’ensemble reste cependant plaisant et propose quelques beaux morceaux qui, s’ils ne feront pas vraiment trembler les hypocondriaques, raviront les amateurs de virus originaux.

Sophie CORRADINI

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