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Les critiques de Bifrost

Terminal Mind

Terminal Mind

David WALTON
PANINI FRANCE
360pp - 16,00 €

Bifrost n° 73

Critique parue en janvier 2014 dans Bifrost n° 73

Philadelphie, dans un futur relativement proche marqué par la guerre des Hémisphères ayant modifié la donne géopolitique mondiale. La ville est coupée entre Bordiers — les riches, qui vivent sur les hauteurs, et ont accès à toute la technologie, notamment la chirurgie esthétique — et Combiers — les pauvres, donc, qui vivent sur les bords du lac. Trois garçons des deux classes, un peu désœuvrés, s’amusent en hackant des systèmes informatiques. Un jour, ils libèrent une entité électronique qui va causer des dégâts irrémédiables dans la cité. Cette « créature », c’est un cutter, ainsi appelé car il s’agissait à l’origine d’une personne, dont le cerveau a été découpé, les neurones étant ensuite recopiés dans une simulation numérique. Ce cutter va être au centre de la lutte de pouvoir voulue par son créateur, un docteur machiavélique prêt à tout pour arriver à ses fins : mettre la main sur la ville de Philadelphie, au bord de la guerre civile à mesure que Bordiers et Combiers s’opposent.

Terminal Mind a obtenu le Philip K. Dick Award en 2008 (ex aequo avec Adam-Troy Castro pour Emissaries from the Dead), prix créé pour récompenser le meilleur roman paru directement en poche, à l’image de l’essentiel de l’œuvre de Dick. Même si l’évolution des systèmes informatiques est au cœur de l’intrigue, avec ce concept de cutter, la vraisemblance informatique n’est pas la priorité de David Walton : on peine à croire à la plausibilité de tels progrès scientifiques dans un contexte post-apocalyptique ; en outre, aucune explication crédible ne nous est donnée sur le processus de création des cutters, et on assiste même à une scène surréaliste où une hackeuse réussit en une demi-heure à cracker un site dont la prestation consiste à garantir l’anonymat à ses clients ! Le contexte social s’avère lui aussi peu crédible : l’opposition entre riches et pauvres est esquissée à très gros traits. Rajoutez à cela des personnages pas toujours finement esquissés (le pompon pour Alastair Tremayne, savant fou dont l’aspect manipulateur est évident, ce qui ne l’empêche pas de se mettre dans la poche toute personne croisée) et des rebondissements un brin téléphonés, et vous obtiendrez ainsi un roman pas désagréable à lire, car bien rythmé, mais sans grand intérêt et vraisemblablement vite oublié.

Bruno PARA

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