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Les critiques de Bifrost

Les Super-héros et la science

Les Super-héros et la science

Lois H. GRESH, Robert WEINBERG
FLAMMARION
278pp - 15,30 €

Bifrost n° 37

Critique parue en janvier 2005 dans Bifrost n° 37

Les auteurs en conviennent : les auteurs de comics se préoccupent avant tout de l'histoire et pas de la science. Parce qu'ils ne respectent pas les lois physiques les plus simples, les super-héros sont justement un bon moyen d'aborder des points scientifiques : les rapports entre masse et force physique, la physiologie de l'araignée, les questions de gravité et de trous noirs, la probabilité d'une vie extraterrestre, qui est l'occasion de disserter sur l'équation de Drake. On en apprendra également beaucoup sur la genèse des super-héros, chaque chapitre consacré à Superman, Hulk ou Spiderman étant introduit par une présentation du personnage, des auteurs et des éditeurs.

La vulgarisation scientifique à laquelle prétendent les auteurs reste cependant… vulgaire, voire peu scientifique. Bien des points ne présentent qu'un intérêt limité : la question du clonage n'est l'occasion que d'une pâle présentation de l'ADN. Si l'évolutionnisme, abordé au niveau de la lutte des créationnistes américains pour discréditer la théorie, retient l'attention (44 % d'Américains, selon un sondage Gallup, croient encore que Dieu a créé l'homme il y a moins de dix mille ans), on reste plus circonspect sur la théorie du singe aquatique qui permet aux auteurs de suggérer que l'évolution humaine aurait pu se poursuivre sous l'eau et que Namor et Submariner « ne sont peut-être pas si impossibles qu'il n'y paraît. » Après avoir démontré certains exploits de super-héros impossibles, selon les lois physiques immuables, il est peut-être téméraire d'affirmer qu' « avec les progrès étourdissants de la science, ce qui paraît aujourd'hui impossible sera peut-être atteint demain. »

Le même manque de rigueur dans les parties non-scientifiques fera bondir les amateurs de S-F : « les pulps de science-fiction furent les parents pauvres des comics. » Quant au paradoxe temporel du Voyageur imprudent de Barjavel, il est ici attribué à « Even the heir », paru dans Weird Science en 1952.

Tout n'est pas inintéressant dans cet ouvrage, mais bien des affirmations péremptoires en gâchent la lecture. On lui préférera de loin D'Où viennent les pouvoirs de Superman ? (chez EDP Sciences) de Roland Lehoucq, qui dissertait beaucoup plus sérieusement et avec néanmoins plus d'humour qu'ici, sur les propriétés physiques du super-héros.

Claude ECKEN

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