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Les critiques de Bifrost

Le Bois de Merlin

Le Bois de Merlin

Robert HOLDSTOCK
LIVRE DE POCHE
320pp - 6,10 €

Bifrost n° 40

Critique parue en octobre 2005 dans Bifrost n° 40

Martin et Rebecca sont frère et sœur en quelque sorte, car Rebecca a été adoptée. Après la mort de leur dernier parent, ils se mettent en couple dans la ferme familiale (en lisière de la forêt de Brocéliande). Un enfant ne tarde pas à naître. Mais il est sourd et aveugle, jusqu'à ce que Rebecca commence à perdre la vue et la parole… Alors, comme si un étrange équilibre devait être respecté, ce que la mère perd, le fils le gagne. En fait, Martin ne tardera pas à découvrir qu'une guerre se livre sous son toit, une guerre vieille de deux mille ans, opposant Merlin à Viviane…

De tous les auteurs de fantasy contemporains, Robert Holdstock est l'un de ceux que Bifrost a le plus défendu — critiques des deux volumes de La Forêt des Mythagos dans le n°26, Celtika (n°31), La Forêt d'émeraude (n°33), Le Graal de fer (n°34), Le Souffle du temps, (n°34), Dans la vallée des statues, (n°34), Earthwind (n°37). Au sein de cette production fort riche (la plupart de ces titres ont été traduits et publiés en quelques années à peine), Earthwind fait figure d'ethno-SF ratée, sans grand intérêt ; pour le reste que du bon (même si on réservera Le Souffle du temps, planet opera contemplatif, à des lecteurs de science-fiction extrêmement motivés — fans absolus de Solaris par exemple).

Mais intéressons-nous maintenant au Bois de Merlin, ce truc hideux qui aura bien du mal à échapper à une nomination au Razzy de la pire couverture. Ne tournons pas autour du pot, ce livre (une assez intéressante novella gonflée avec la plus grande maladresse) est à réserver purement et simplement à ceux qui veulent lire TOUT Holdstock ; pour les autres, le récit finit à peu près là où il aurait dû commencer et fait office de pont brisé entre le cycle de La Forêt des Mythagos et le cycle du Codex de Merlin. En quoi cette « passerelle » est-elle rompue ? Tout simplement parce que Holdstock ne lie réellement le livre à aucun de ses deux cycles majeurs, échouant surtout à intéresser ses lecteurs : la France qu'il décrit ressemble trop à l'Angleterre de La Forêt des Mythagos, la cruauté de son propos est contrebalancée par le caractère falot de ses personnages (auxquels il arrive pourtant les pires choses)… Evidemment, il y a quelques belles scènes (la mort de Merlin), quelques idées somptueuses ou fort brutales (l'enfant qui s'immisce dans la vie sexuelle de ses parents de manière quasi incestueuse en disant à son père : « je n'aime pas quand tu fais ça à maman »), mais rien qui suffise à sauver ce livre du naufrage sylvestre. Les lecteurs qui aiment Robert Holdstock n'ont plus qu'à attendre la parution en France de Ancient Echoes (chez Denoël), sans doute son livre le plus ambitieux avec Lavondyss, et du troisième tome du Codex de Merlin (au Pré aux clercs), deux ouvrages dont on reparlera, comptez sur nous.

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