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Les critiques de Bifrost

La Voie du Dragon

La Voie du Dragon

Daniel HANOVER
FLEUVE NOIR
350pp - 21,90 €

Bifrost n° 74

Critique parue en avril 2014 dans Bifrost n° 74

Daniel Abraham est un habitué des pseudonymes. Lui qui publie ses romans de fantasy urbaine sous le nom de M. L. Hanover et cosigne ses space-operas James S. A. Corey (à paraître prochainement chez Actes Sud), le voici affublé d’une nouvelle identité, conçue tout spécialement pour la France : Daniel Hanover. L’échec commercial de sa précédente série au Fleuve Noir, la pourtant formidable « Cités de lumière », n’y est sans doute pas étranger. Mais après tout qu’importe le pseudo pourvu qu’on ait l’ivresse. Et de ce point de vue, ce premier tome s’avère fort prometteur.

À première vue, « La Dague et la fortune » se déroule dans un cadre plus classique que son prédécesseur, celui d’une fantasy médiévale où la magie n’occupe que peu de place, si ce n’est dans les légendes. Voilà des siècles que les derniers dragons ont disparu, et que treize races plus ou moins humaines d’apparence se partagent le bout de monde où se déroule l’action.

Le récit se focalise alternativement sur quatre personnages : Cithrin bel Sarcour, orpheline et pupille de la banque médéanne, qui, au moment où la ville de Vanaï semble sur le point d’être conquise par une cité rivale, reçoit pour mission de convoyer en toute discrétion une partie des richesses de la banque vers une autre de ses succursales ; Marcus Walter, autrefois glorieux combattant, qui accepte d’escorter Cithrin et va bientôt s’attacher à cette jeune femme qui lui rappelle ce qu’aurait pu devenir sa propre fille si elle n’avait pas été tuée dans des conditions tragiques bien des années plus tôt ; Geder Palliako, un jeune noble davantage intéressé par les livres anciens que par les prouesses sur les champs de bataille et qui, après une suite d’évènements dramatiques, va cesser d’être méprisé par ses pairs pour devenir l’un des hommes les plus puissants et les plus en vue du royaume ; enfin Dawson Kalliam, ami d’enfance et fidèle allié du roi Siméon, témoin direct des manigances qui se déroulent à la cour de ce dernier et menacent de déstabiliser toute la région.

Par bien des points, La Voie du dragon, premier volet de la série, a des allures de prologue. Le roman est relativement pauvre en action, Daniel Hanover consacrant l’essentiel de son attention à étoffer ces personnages, dont on devine sans mal qu’ils auront un rôle crucial à jouer dans la suite des évènements, et s’attache à dessiner par petites touches l’univers qui est le leur et qui, au terme de ce premier tome, n’aura révélé qu’une infime partie de ses mystères. La lenteur du récit n’est pas synonyme d’ennui pour autant, tant on s’attache aux protagonistes et à leurs mésaventures, qu’il s’agisse des recherches incessantes de Geder Palliako pour mettre à jour les vestiges d’une civilisation disparue, ou du jeu dangereux de Cithrin pour s’imposer dans un domaine où les requins abondent. Dans la façon dont Daniel Hanover mène son récit en collant au plus près de ses héros, il n’est pas interdit à la lecture de La Voie du dragon de penser au « Trône de Fer », et les lecteurs appréciant la saga de George R. R. Martin seraient bien avisés de se pencher sur cette série.

Philippe BOULIER

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