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Les critiques de Bifrost

La Vestale du calix

La Vestale du calix

Anne LARUE
L'ATALANTE
224pp - 15,50 €

Bifrost n° 67

Critique parue en juillet 2012 dans Bifrost n° 67

Quand une blonde s’appelle Ankh (personnellement, c’est directement Ankh Morpork qui me vient à l’esprit), et qu’on me dit qu’il vaut mieux ne pas aimer le football pour lire La Vestale du Calix, eh bien, je hurle : « O. M. en force ! » (enfin, je hurle aussi autre chose, mais nettement moins poli...), et je jette le livre par la fenêtre. Et si, en plus, il faut aimer Simone de Beauvoir, cela relève du sacerdoce.

Mais on ouvre tout de même le livre. Si. Avant la fenêtre.

Quoique, finalement, non : la fenêtre avant, c’est mieux. Ce « roman » est tout simplement d’une nullité stylistique rarement atteinte. Dix pages de lecture seraient déjà une souffrance pour tout professeur de lettres de niveau collège, sans même parler des poncifs sexuels parfois nauséabonds, relent de burqa et de camp de la mort en option (et un peu de Petit livre rouge, pour faire encore mieux). Ah, si : on tente aussi de pomper un peu du côté de J. K. Rowling… mais pas tout à fait avec le même talent (enfin, pas du tout). Et chez Orwell, chez Huxley, chez Lucas (si si, du Jedi !) et même chez les « chiennes de garde ». Non, non, vous ne rêvez pas, tout y est, et j’en oublie sans doute. On espère longtemps que tout cela est au second degré, mais au final, pas du tout.

Incapacité à écrire un dialogue, incohérences en tous genres, personnages sans caractère, descriptions inexistantes, pauvre dystopie d’une banalité affligeante, avec une nuance de « je suis trop révoltée du monde d’aujourd’hui »… Bref, rien n’est à sauver de cette bouillie infâme d’écriture pseudo féministe, qui aurait davantage sa place sur un blog « je raconte mes frustrations » que dans les rayons d’une librairie.

Il est tout simplement consternant qu’une maison d’édition comme l’Atalante, dont la réputation n’est plus à faire, se soit laissée aller à publier une telle chose, indigne d’un élève de niveau secondaire, surtout quand on considère que son auteure enseigne en université. Publier des romanciers français peut être louable, sans conteste… encore faut-il savoir choisir des textes qui soient de qualité, au lieu de mettre en valeur des « écrits » qui ne font que tourner en ridicule le genre SF.

Moralité : mieux valait ne pas ouvrir la fenêtre au départ, puisque les déchets toxiques ne se jettent pas dans n’importe quelle rue. Un peu de civisme, tout de même. Si votre commune ne propose pas ce type de recyclage, une seule option : laisser cet attentat à la littérature sur le rayon de votre librairie.

Et s’il vous plaît : qu’une âme charitable se dévoue pour expliquer à Anne Larue ce qu’est originellement une Vestale…

Sylvie BURIGANA

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