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Les critiques de Bifrost

La Reine de Vendôme - 1

La Reine de Vendôme - 1

Colin MARCHIKA
MNÉMOS
256pp - 16,77 €

Bifrost n° 25

Critique parue en février 2002 dans Bifrost n° 25

La Reine de Vendôme est le premier volume du cycle éponyme de Colin Marchika, dont le second et dernier opus sortira en février 2002. On y suit un dénommé Eyr à la cours de la reine Sémiramis. Mais qui est Eyr ? Un aventurier ? Un conteur ? Visiblement, il s'agit du rejeton du magicien Manitardès, mais aussi du dépositaire des dernières volontés du Chevalier Corneille. Il sera au centre de toutes les intrigues qui animent le royaume. Et dans les dernières lignes de ce premier volume, comme dans Fight Club, vous aurez une révélation…

Il y a (en gros) deux façons d'écrire un roman de fantasy. La façon classique. Où les points de vue s'enchaînent, tout en descriptions et dialogues : scène 1 : Machin tue le dragon ; scène 2 : il trousse la princesse que gardait le dragon ; scène 3 : Bidule revient d'entre les morts, apprend que la princesse n'est plus vierge et décide de foutre un sacré bordel dans le royaume, etc. Jusqu'à la scène 69 où Machin tue Bidule et trousse (bis) la princesse. Et puis il y a la façon langage parlé : un compte-rendu des événements mené à la première personne, dans un style censé être enjoué ou enlevé (histoire de rigoler un peu).

Colin Marchika a choisi la seconde manière. C'est ce qui rend son roman attachant. Seulement, contrairement à ce que clament les éditions Mnémos, n'est pas Zelazny qui veut. Et mettre en regard Marchika avec l'auteur des Princes d'Ambre sur la quatrième de couverture tient d'une comparaison qu'on qualifiera… d'outrée, pour le moins. Car le style de Marchika — heurté et redondant — est l'exact opposé de celui du Zelazny des Princes d'Ambre : tendu et d'une limpidité constante. Pire, Eyr, en tant qu'unique narrateur, nous propose une galerie de personnages souvent superficiels, incohérents, aux motivations totalement troubles. Dénué d'une gouaille suffisante, Colin Marchika se brise sur les mêmes écueils que bien des auteurs du néo-polar français : il nous impose un narrateur irritant, qui s'empêtre sans cesse dans son récit, commente tout et n'importe quoi, jusqu'au moment où, lassé de ces bavardages inutiles, le lecteur-payeur n'a plus rien à secouer de ce qui arrive à ce héros fatiguant. Quant aux problèmes de style qui rendent la lecture pénible… un coup d'œil au premier chapitre suffira à convaincre que si Marchika en a sous le pied, il a encore du boulot avant de comprendre comment se servir de l'accélérateur.

Avec plus de maîtrise littéraire, une rigueur qui fait cruellement défaut (« style parlé » ne veut pas dire « style bafouillé avec des contradictions »), une narration plus serrée (si vous voulez comprendre quelque chose, un bon conseil : prenez des notes), cette Reine de Vendôme aurait pu être une grande réussite. Voilà un roman qui se contente de révéler un auteur prometteur (ce qui n'est déjà pas si mal). On passe pour cette fois (et son volume 2), mais on se jettera sur le prochain, pour voir l'évolution, que l'on espère positive, de cette nouvelle voix de la fantasy d'expression française, une voix d'ores et déjà originale et attachante. Enfin, histoire de conclure sur une note désagréable, on se permettra un commentaire sur la couverture (la carte de visite de cet ouvrage) : tout simplement monstrueuse, maronnasse et peu engageante ; elle devrait, si ce n'est tuer le livre en librairie, du moins lui faire sacrément mal…

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