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Les critiques de Bifrost

La Mort du nécromant

La Mort du nécromant

Martha WELLS
L'ATALANTE
526pp - 22,00 €

Bifrost n° 25

Critique parue en février 2002 dans Bifrost n° 25

Une brique de 500 pages n'a rien d'anodin. Un tel mastodonte ne devrait paraître normal qu'à un public de la fantasy dont on sait qu'il a boudé toutes les évolutions du roman depuis le milieu du XIXe siècle, au point d'avoir cette année récompensé d'un prix Hugo du meilleur roman de science-fiction un opuscule de la série Harry Potter, Ubu du genre épique qui nous convie aux funérailles de Dick et Herbert

Martha Wells a par conséquent le souci de la description exhaustive. Bien que Pérec, dans sa description d'un lieu parisien, ait démontré l'inanité de la maniaquerie balzacienne, quantité de détails, dépourvus de lien avec l'action, épaississent la narration. Elle n'épargne pas non plus à son lecteur de belles tautologies, des « balcon à ciel ouvert » et autres « grotte caverneuse », que le traducteur — quitte à persévérer dans l'habile malhonnêteté — aurait dû corriger. La légèreté du récit convenait au format court, à une série d'épisodes dans la tradition du feuilleton Belle Époque, très rythmée, or, la naïveté de son enthousiasme lui ayant fait perdre toute mesure, nous obtenons la pagination d'une fresque.

Toutefois, Martha Wells se distingue du gros de la production par un syncrétisme mêlant Dumas et Arsène Lupin, fantastique lovecraftien et sorcellerie à la Lord Darcy. Afin que la sauce prenne, elle a créé une Vienne imaginaire, fusion des Paris et Londres du roman gothique ; un cadre malléable conservant toutefois un parfum. Au fond, elle n'a fait qu'appliquer à une époque postérieure au Moyen Âge une vieille recette de la fantasy, alors que dès l'invention de la poudre à canon des auteurs tels que Card avec Alvin le Faiseur ou Keyes dans Les Démons du Roi Soleil préfèrent s'en tenir à la ligne historique.

On ne peut pas considérer ce roman comme un chef-d'œuvre, loin de là. Il plaira cependant aux amateurs de fantasy hors normes, de même qu'aux esthètes nostalgiques d'une certaine littérature populaire. Ceux qui réunissent ces deux qualités éprouveront une bibliophagie aiguë. Bref un bon livre !

Al' DUROU

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