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Les critiques de Bifrost

La Maison Usher ne chutera pas

La Maison Usher ne chutera pas

Pierre STOLZE
FOLIO
240pp - 7,80 €

Bifrost n° 13

Critique parue en avril 1999 dans Bifrost n° 13

Décidément, Pierre Stolze est à l'honneur ces derniers temps. Après la réédition augmentée de Volontaire désigné, aux éditions Hors-Commerce, et en attendant la parution de Brigitte Bardot et les bretelles du Père Éternel, voici ce recueil de trois novellas, primé qui plus est au récent festival de Gérardmer. Trois textes dont deux, « Le Déménagement » et « La Maison Usher ne chutera pas », avaient déjà bénéficié d'une diffusion confidentielle, mais que l'on retrouve ici avec grand plaisir.

Dans ces trois récits, Pierre Stolze œuvre dans un registre devenu fort rare : un fantastique jovial, le genre de fantastique qu'on n'a guère de chance de lire dans la plupart des collections, à moins que Pocket ne se décide à rebaptiser son label « Terreur » en « Bonne Humeur », et J'ai Lu ses « Ténèbres » en « Clarté Enjôleuse ». Bref, un fantastique pas effrayant pour deux sous, et même plutôt rigolard, où les petites filles ont pour copine des créatures célestes, où les monstres les plus répugnants sont toujours prêts à vous filer un coup de main, et où les vieillards esseulés sont capables de creuser un trou profond de plusieurs kilomètres uniquement pour faire leur intéressant. Une seule fois, dans « Le Déménagement », Stolze opte pour une ambiance plus angoissante, le temps de quelques pages, et le contraste est alors saisissant. Mais l'impression ne dure pas, et le chapitre se termine sur cette sentence sans appel : « Ouais, demain est un autre jour. » Evidemment, vu ainsi, pourquoi s'inquiéter ? D'ailleurs, lorsque son ami se met à imaginer les pires catastrophes, l'un des protagonistes saura le remettre dans le droit chemin par un imparable « Tu délires ! Tu lis trop de Brussolo ! »

L'intérêt de ces trois contes doit également beaucoup à l'écriture de l'auteur, qui manie comme personne et avec un appétit vorace le procédé d'accumulation, sans jamais lasser le lecteur. Il fait montre d'une telle gourmandise narrative, et ses personnages sont pour la plupart tellement extravagants, que l'on ne peut suivre qu'avec délectation leurs pérégrinations. Dans ces conditions, le titre de ce recueil apparaît comme une véritable profession de foi : non, cent fois non, la maison Usher ne chutera pas. Pourquoi voudriez-vous qu'elle chute, d'abord ? En voilà une idée...

Philippe BOULIER

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