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Les critiques de Bifrost

L'Impossible quête

L'Impossible quête

Jean-Christophe CHAUMETTE
FLEUVE NOIR

Bifrost n° 10

Critique parue en octobre 1998 dans Bifrost n° 10

Jean-Christophe Chaumette est un auteur rare. C'est sans doute sa principale qualité. Après un polar-fantastique pas bon du tout (Le jeu, en 1989) et avant une fantasy franchement nulle (Le Niwaâd, l'an dernier, il publia au début des années 90 ce long roman que le Fleuve Noir a jugé utile de rééditer aujourd'hui. Point positif : sa publi­cation sous le label « Legend » plutôt que « Space ». Car, sous ses apparences de space opera, Le Neuvième Cercle est bien un roman de fantasy et de la pire espèce : une heroic fantasy aussi violente qu'imbécile.

Le cadre créé par Chaumette est tout fait rudimentaire et des plus incohérents : vastes empires guerriers s'étendant sur plusieurs systèmes solaires et voyages supraluminiques d'une part, systèmes éco­nomique et industriel primitifs — les armes sont fabriquées par des artisans forgerons ! — d'autre part. Comme le confirme un coup d'œil sur l'appendice en fin de second volume, l'auteur s'est plus attaché a créer un exotisme de pacotille qu'à mettre en place un univers vraisemblable, sinon original. Qu'importe d'ailleurs, puisque ce cadre a pour unique fonction de justifier les innombrables scènes de batailles qui sont le cœur du roman. Ici, Chaumette s'en donne à cœur joie : on s'éventre avec entrain, on s'étripe gaillardement, on se décapite à qui mieux mieux, on se démembre à longueur de pages, ad nauseum. Dans cette guerre, la diplomatie occupe une place on ne peut plus négligeable, la philosophie des différents belligérants ne dépassant de toute façon pas le stade du « Moi plus fort que toi, toi obéir moi sinon moi casser tête à toi ». Sur plus de 800 pages, cette forme de rhétorique peut lasser jusqu'au plus brutophile des lecteurs.

Lorsqu'elle ne patauge pas dans le sang et les tripes, l'histoire nous raconte le destin de Stanley Peterson, mercenaire cruel et sans pitié, au cœur dur comme la pierre, qui Dieu merci rencontrera l'Amour (avec un A majuscule et un corps de rêve) et deviendra le sauveur de l'humanité. Le tout entrecoupé de pensées profondes sur le sens de la vie, mélange de mysticisme bon marché et de confucianisme de bistrot. De là à dire qu'il n'y a rien à sauver de cette longue saga, il n'y a qu'un pas que je m'empresse d'ailleurs de franchir.

Philippe BOULIER

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