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Les critiques de Bifrost

 

Les Éditions du Khom Heïdon sont apparues voici une bonne année et ont trouvées leur niche éditoriale dans les nouvelles littératures populaires où le livre est un produit dérivé, novelisation d'un film, d'une série TV ou, comme ici, d'un jeu de rôle. Si les novelisations d'œuvres audiovisuelles visele très grand public et sont l'apanage des grosses machines commerciales, à l'inverse, les novelisations de jeux ciblent le public plus restreint mais boulimique à la fois des rôlistes et des lecteurs de Fantasy.

Les Chroniques des Sept Cités offrent une Fantasy d'inspiration toute leiberienne, un univers qui doit beaucoup à celui du Cycle des Épées. Samarande, dont le nom évoque les Mille et Une Nuits, est bien plutôt une nouvelle Lankhmar, Sakcha, le héros, un émule du Souricier Gris et Erlbir un avatar de Fafhrd, personnages auxquels Jacq a adjoint Narubio barde et monte-en-l'air, et Myrdhil, amazone plus de choc que de charme… Ajoutons Dar Yam, le préfet de nuit, un Eliott Ness local et Draqo en pendant d'Al Capone, autant d'évidentes références puisque, à l'instar de Lankhmar (en laquelle on peut voir le Chicago — ville de naissance de Leiber — des années 30), Samarande est infestée par la pègre où Anciens et Félins tiennent le haut du pavé.

À la suite du vol d'un joyau, Sakcha et sa bande sont entraînés dans une guerre des gangs larvée où les Toges Noires, branche criminelle de la secte de la Vierge Noire, affiliée aux puissances infernales, essaient de dresser Félins et Anciens les uns contre les autres. Sakcha, l'homme-chat, se trouvera un ennemi récurrent acharné à sa perte en la personne de Xariss, l'homme-rat. Après le joyau maléfique (tome 1), la lutte se poursuivra de plus belle et de façon de plus en plus personnelle (tomes 2 et 3). Xariss s'emparera de Lyse, l'amour de Sakcha, pour l'attirer dans un piège où il tombera et où Erlbir trouvera la mort, avant de se venger sans pitié mais en vain.

L'intrigue est complexe à souhait mais toujours limpide et pleine de rebondissements. Le premier tome peut se lire indépendamment, mais les suivants sont beaucoup plus liés. Le dernier, empreint de tragique, est en tout point excellent pour qui cherche une littérature de divertissement. Car c'est bien sûr de divertissement à l'état pur dont il est question dans cette trilogie. On ne retrouvera pas, sous la plume de Jacq, le charme du verbe de Leiber, mais cette courte trilogie génère une dynamique de lecture époustouflante. On est surpris de la qualité de l'intrigue et de la rapidité de l'action à couper le souffle. À lire par plaisir.

Jean-Pierre LION

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