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Les critiques de Bifrost

Autant en emporte le divan

Autant en emporte le divan

Patrice DUVIC
FLEUVE NOIR
224pp -

Bifrost n° 4

Critique parue en février 1997 dans Bifrost n° 4

 

« Comme un lustre monstrueux, la chaise électrique … oscillait très doucement, au bout d'une corde, à une trentaine de centimètres, au-dessus du sol. Le cadavre (de la jeune femme) y était sanglé et la corde qui retenait le tout était passée autour de son cou. Pour faire bonne mesure, on l'avait également poignardée, criblée de balles explosives et la seringue qui traînait sur le sol avec un flacon orné d'une tête de mort laissait supposer qu'elle avait de surcroît été empoisonnée. »

Comme son titre l'indique, le nouvel opus de la toute jeune et déjà plus que satisfaisante collection « Polar SF » donne cette fois dans la satire : excessive, certes, mais plutôt efficace…

Doullens et Resquita sont donc un duo de détectives privés proposant comme principal argument de vente la possibilité d'intervenir dans le passé de leurs clients. Invariablement pris pour des escrocs, et plutôt du genre détraqué, ils ont perdu en clientèle ce qu'ils auraient dû gagner en efficacité. Et pourtant, ils ont bien en leur possession la Véritable-Machine-à-Explorer-le-Temps de H.G. Wells (évidemment). Et en plus, même si tout démontre que c'est impossible, elle fonctionne. Elle fonctionne tellement bien d'ailleurs qu'à chacune de leur intervention, l'univers en est bouleversé (effet domino plus théorie du chaos égale en général pas mal de bobos…).

Or donc, malgré un papier peint assez désavantageux, Doullens et Resquita ont fini par hériter d'une cliente, pulpeuse créature (échappée de l'asile), qui les supplie (façon de parler) de bien vouloir résoudre l'énigme de son horreur des mâles. Contre toute attente, nos détectives ne se lancent pas illico au volant de leur Machine mais entreprennent une enquête dans les règles, n'agissant qu'une fois pratiquement tous les éléments en main. Pour déclencher une nouvelle catastrophe !

Patrice Duvic est, entre autre, connu pour diriger la célébrissime collection « Pocket Terreur ». Son travail sur Le petit guide de la Terreur (fascicule gratuit d'initiation aux auteurs et au roman de la collection), laissait présager une efficacité dans la pratique intéressante. Autant en emporte le divan est en effet, malgré certains détails assez extrêmes, aussi loufoque qu'inspiré. Un sens satirique aigu, d'autant plus « explosif » que le lecteur sera par ailleurs bien informé (Safari 2, ça vous dit quelque chose, à vous ?).

David SICÉ

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