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Les critiques de Bifrost

Ambigata - 1

Ambigata - 1

Vincent MICHEL
L'ATALANTE
464pp - 20,00 €

Bifrost n° 21

Critique parue en décembre 2000 dans Bifrost n° 21

Deux planètes en proie à la surpopula­tion. La première, Nemeton, gouvernée par le vieux Dagdvo, dispose du Blodryall, qui est la source d'énergie de la population en même temps qu'un symbole mystique. La seconde, Drucht, est dirigée par Tarann, lequel projette de voler le Blodryall pour en finir avec les conflits sur son monde. Les deux planètes sont reliées par un rayon le long duquel circulent des navettes, les autosolénodynes fonctionnant avec la magnetohydrodynamique (qui empruntent aux écrits Ummites révélés par Jean-Pierre Pe­tit)

Pour beaucoup, le Blodryall est une dépendance dont il faut sortir C'est pourquoi le Gaebolga, agence gouver­nementale qui n'a de compte à rendre à personne, lance le projet Ambigata, qui a pour but de doter Drucht d'un Blodryall en envoyant leur propre exemplaire dans le passé afin de le faire exister en double…

Cet épais roman déborde d'intrigues et de personnages La princesse héritière Brighee mFolctainban, qui s'oppose au Gaebolga, soutenue par quelques agents dissidents, est une des figures centrales du récit On croise bien sûr des traîtres et de malfaisants personnages comme Belgha Senckhafer, des humains modifiés comme les redoutables Yders ou des créatures mystiques comme les Voidri. Impossible de résumer ici les trames qui composent cette fresque complexe…

Mais ce premier roman impressionnant par son ampleur reste cependant inabouti N'est pas Bordage qui veut ! On se perd sou­vent dans ce foisonnement et dans les moti­vations des personnages à l'onomastique compliquée Entre deux scènes d'action réussies, l'intrigue s'étire et se perd dans ses multiples ramifications Trop occupé à soigner les détails de son univers, l'auteur perd l'ensemble de vue Tous les fils ne sont pas noués et on se demande par exemple ce que deviennent les protagonistes de l'ou­verture du roman : le récit est en effet narré par le Gardien du second Blodryall expli­quant à un visiteur pourquoi cet exemplaire doit rester secret, il ne réapparaît pas au terme des 900 et quelques pages pour conclure son histoire de temps à venir.

Les défauts sont plus criants dans les détails : une civilisation avancée comme celle de Nemeton imagine-t-elle, pour coller des « pisteurs » sous la semelle des visiteurs débar­quant chez eux, d'utiliser des tireurs dissimulés sous les grilles d'aération visant les pieds des passagers qui les foulent ?

On est parfois irrite par l'artificialité des termes inventés, qui ne sont qu'une banale transpo­sition de vocabulaire donnant un vernis exo­tique au récit Ainsi, les personnages ont une faim d'arct, les femelles trwchs veillent sur leurs marcassins. Les religieux donnent la transposition suivante « si je m'en sors, je me fais Kunchewrdd ». Ayant particulière­ment soigné les unités de temps (ruathinem, kvétricet, cet, cethin, cetog pour huit jours, une heure, un quart d'heure, une minute et demie, une seconde), l'auteur glisse à tout bout de champ (pardon : à chaque cetog) le temps écoulé. Et que dire du juron invaria­blement assené par chaque personnage en pleine action : Bouse !… Bouse et bouse ! (T.l, p 393) ?

Difficile, après ça, d'être séduit. II n'en reste pas moins que ce roman dispose de nombreuses qualités Vincent Michel, pour une première oeuvre, a placé la barre trop haut mais pourrait bien, à l'avenir, nous étonner avec un prochain roman.

Claude ECKEN

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